samedi 2 février 2008

1969, M'quidèch le premier illustré algérien


En février 1969, les lecteurs algériens découvrent en librairie une nouvelle publication : M’quidech du nom d’un personnage mythique des contes populaires algériens. La première revue algérienne de bandes dessinées vient de naître. Créée par Mohamed Madoui (Directeur des éditions SNED), sous la houlette du talentueux artiste Kapitia, avec les dessinateurs Aram, Haroun, Maz, Slim, Bouslah, Taïbi, Amouri, Tenani, Melouah, Aïder et d'autres, M’quidèch est éditée par la SNED (Société nationale d’édition et de diffusion) aujourd’hui disparue.
L’objectif de M’quidech est de proposer une alternative aux nombreuses publications occidentales qui font le bonheur des petits lecteurs algériens à cette époque "Zembla", "Akim", "Kiwi", "Blek le Roc", "le Petit ranger", "Ombrax".
De nombreux Algériens ont d’ailleurs puisé leur nationalisme à travers la lecture de "Blek le Roc" qui combattait contre l’envahisseur anglais. Il leur suffisait juste de transposer l’action sur le sol algérien avec le Français dans le rôle de l’envahisseur.
Pour M’quidech, on demande aux dessinateurs de privilégier les héros de type algérien, les costumes et les décors nationaux et les récits "distrayants" sur l’Histoire de l’Algérie. Ainsi, Haroun créé le personnage de "M’quidech", djinn à l’esprit espiègle et malin qui délivrera ses cousins captifs d’un ogre. Amouri raconte les aventures de "Richa", une héroïne pachydermique mais sympathique qui vivra beaucoup de situations du fait de son... obésité, Tenani avec "Grand Babah", un sympathique personnage chef d'une tribu dans le Sud algérien. Au fil des numéros, l’équipe se renforce (Guerroui, Assari, Tidadini, Zeghidour, Rahmoune, Hebrih, Aït Hamoudi, Ferhat, Ryad, Beghdadli, Oulmane, Khiari, etc) et les personnages se multiplient : "Professeur Skolli", "Si grelou", "Si loubia", "La famille M’barek" », etc...
Une rubrique, intitulée "De nos montagnes" retrace les hauts faits de la guerre de "libération nationale". M’quidech était édité à la fois en arabe et en français, la presque totalité des auteurs algériens réalisant d’ailleurs leurs planches en français.
Mais en 1972, au bout d’une trentaine de numéros, l’illustré M’quidech disparaît, la SNED ayant décidé d’en arrêter la publication. L’expérience de M’quidech sera suivie par d’autres périodiques au destin éphémère à l’instar de M’cid, Tarik, Ibtacim, Pango, Boa, Scorpion, etc. La bande dessinée algérienne connaît alors un passage à vide.

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